Depuis la période de pandémie mondiale, les problématiques de santé mentale et de mal être au travail n’ont fait que se multiplier. Mais pourquoi en quelques années seulement le monde du travail est-il devenu si « inconfortable » ? Quelles sont les origines de ce mal-être grandissant ?
Bien que des prémisses existaient déjà, tout s’est mis à s’accélérer au printemps 2020, avec la période de confinement due à la Covid 19 lorsqu’une majorité de personnes se retrouvent au chômage ou en horaire réduit, obligés de rester chez eux. C’est le début de ce que je baptiserais «la grande période d’introspection». Du jour au lendemain des milliers de personnes sortent de leur pilote automatique métro-boulot-dodo et ont du temps pour renouer avec les petites choses simples de la vie : se cuisiner des bons repas, sortir marcher dans la nature, jouer avec leurs enfants, lire un bon livre, déguster une tasse de thé en regardant le ciel à travers la fenêtre, découvrir les bienfaits de la méditation….
De nombreux travailleurs expérimentent le fait d’avoir du temps et redécouvrent la vie sous un autre angle. Face aux incertitudes de la société, le temps passé en famille et au contact de la nature se révèle être des moments de réconfort et éveille un sentiment de gratitude pour ces plaisirs simples de la vie. C’est alors qu’une majorité de personnes prennent conscience de ce qui est vraiment important à leurs yeux, se questionnant sur le but et le sens de la vie.
De retour au travail, quelque chose a changé, une pensée a été semée: il est possible de vivre différemment.
Ai-je encore envie de faire 2h de trafic pour aller travailler ? Est-ce normal de subir autant de stress et de pression ? La vie est courte, est-ce que mon travail correspond à mes aspirations ? Est-ce que mon entreprise est alignée avec mes valeurs? Autant de questions qui poussent à la réflexion.
En parallèle, la génération Z des 18-24 ans fait son entrée dans le monde du travail. A l’inverse des baby-boomers, les nouvelles générations travaillent pour vivre et mettent en avant leurs projets personnels. Pour eux, la possibilité de se réaliser au travail et la reconnaissance sont des facteurs essentiels. Rejoignant les milléniaux vis-à-vis de leur forte préoccupation face aux problèmes sociétaux et environnementaux actuels, le dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité, les inégalités sociales, les crises économiques laissent ces nouvelles générations face à un avenir incertain.
Résultat, nous voilà face à une vague (qui a de forte probabilité de se transformer en véritable tsunami) de démission d’un nouveau genre la «démission consciente» ou «conscious quitting».
Qu’est-ce qu’une «démission consciente» ou «conscious quitting»?
Une « démission consciente» se définit par le fait de quitter son emploi pour aller travailler dans une entreprise qui s’alignent mieux avec ses valeurs sur le plan environnemental, social… Ces employés souhaitent travailler pour des entreprises dont le but est d’avoir un impact positif sur le monde.
D’après une récente étude du Net Positive Employee Barometer réalisée aux US et au UK:
3 employés sur 4 aux US veulent travailler dans une compagnie qui a un impact positif sur le monde
Près de la moitié des employés déclarent envisager démissionner si les valeurs de l’entreprise ne s’alignent plus avec les leurs et ce même en période économique difficile
33% déclarent avoir déjà quitté leur entreprise pour cette raison
Et ces résultats sont d’autant plus élevés pour les générations Z et Y.
Selon Paul Polman, ancien PDG d’Unilever, "C'est une véritable bombe à retardement : au fur et à mesure que ces jeunes générations s'empareront de l'économie, ce décalage sera de plus en plus préjudiciable aux entreprises qui ne parviendront pas à rattraper leur retard".
Face à la pénurie de main d’œuvre grandissante, les entreprises n’ont d’autres choix que d’accélérer leur évolution et de réfléchir à des moyens de contribuer à la résolution des problèmes socio-environnementaux pour rester attrayant aux yeux de ces travailleurs engagés et fidéliser leurs collaborateurs.
Mais comment faire, quels sont les moyens d’action ?
La bonne nouvelle, c’est que derrière chaque problématique se cache toujours une solution. Tout est toujours une question de choix et de volonté! Les possibilités d’action sont multiples. Que ce soit au niveau environnemental, en réfléchissant à des moyens de réduire l’empreinte carbone de l’entreprise, au niveau social en favorisant l’équité, l’inclusion et l’épanouissement des employés…, il y a énormément d’avenues à explorer!
Une des meilleures stratégies est de faire participer vos collaborateurs, créer des comités, les volontaires seront ravis de pouvoir s’investir pour une cause qui leur tient à cœur! Et d’une pierre deux coups, en plus de générer des pistes d’action, cela créera un vrai sentiment d’appartenance et d’engagement. Mais attention, la démarche doit toujours être sincère et authentique au risque d’avoir l’effet inverse.
Tendance passagère ou point de bascule vers un monde du travail nouvelle génération?
Personnellement, je suis convaincue que le monde est en train de changer pour le meilleur, ça ne peut être autrement. A première vue, tout semble complètement chaotique mais lorsque l’on prend du recul, on s’aperçoit que c’est un passage obligatoire avant d’accéder à un renouveau. L’inconfort est nécessaire pour pouvoir grandir. Au niveau personnel, par exemple, si l’on ne sort jamais de sa zone de confort et que l’on n’est jamais confronté à des situations difficiles, on n'apprendra rien de nouveau. Au niveau sociétal, c’est la même chose, l’inconfort grandissant, les crises à répétition, les problèmes environnementaux… sont le signal d’alarme qu’il faut que les choses évoluent. On ne peut plus faire l’autruche, nos modes de fonctionnement ont besoin d’être réinventés.
«La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent!» - Albert Einstein
Je ne peux que me réjouir de ce mouvement de «démission consciente» qui force les entreprises à se transformer plus rapidement, à se réinventer pour contribuer à rendre le monde meilleur que ce soit d’une manière environnementale, sociale… Je fais d’ailleurs partie de ces personnes qui ont quitté un travail très bien payé pour suivre mes aspirations profondes et contribuer à rendre le monde meilleur à ma manière, en formant et accompagnant les entreprises à replacer l’humain au cœur des organisations.
A l’image du livre «La légende du colibri» de Denis Kormann, où le petit colibri va inspirer les autres animaux de la forêt d’Amazonie, cette vague inspire, réveille la part d’optimisme ensevelie en nous depuis des années et génère un effet boule de neige «tout est possible ensemble».
Alors, êtes-vous prêt à contribuer à faire évoluer notre société pour créer un impact positif sur le monde? Et si on commençait par améliorer l'expérience employé en favorisant le bien-être et l’épanouissement des collaborateurs ?
«La meilleure façon de prédire l'avenir est de le créer» - Peter Drucker