Une autre vision du travail! (2e partie)
Vous avez aimé la première partie, alors bienvenue dans la suite de notre réflexion portant sur « Une autre vision du travail! »
La confiance serait-elle absente du parfait guide du management?
Certains proverbes ou affirmations vont dans ce sens, par exemple :
La confiance n’empêche pas le contrôle!
Quand le chat n’est pas là, les souris dansent!
Sans oublier des pensées un peu « vintage » pour suivre la mode actuelle, comme :
Les collaborateurs travaillant de chez eux ne travaillent pas vraiment!
Comment travailler ensemble sans être ensemble, c'est impossible!
Le travail ne peut se faire qu’au travail! D’ailleurs, nous disons facilement « Je vais au travail », preuve qu’il ne peut s’effectuer autre part qu’à notre bureau!
Autant vous dire que pour la rédaction de cet article, je ne travaille pas! Je suis chez moi, dans mon canapé avec un bon café, une musique douce et agréable. SVP, ne le répétez pas à mon boss!
Le travail n’est pas la destination que vous rejoignez tous les jours, mais bien ce que vous allez faire ou produire. Donc arrêtez d’aller au travail ou de demander aux autres de systématiquement se rendre au travail, il est temps de simplement le faire.
1 — Il m’arrive aussi fréquemment de rencontrer mes clients le midi, devant un bon repas, pour échanger sur un sujet en particulier, et vous savez quoi? Ils payent une fois sur deux le repas et en plus, je leur facture le temps! Je vous l’accorde, c’est totalement déplacé, voire de l’abus, mais nous avons tellement de plaisir que nous renouvelons souvent cette manière de « travailler ».
2 — Imaginez que l’un de vos collaborateurs (pas un gestionnaire, non, une personne sans pouvoir hiérarchique) décide d’aller dîner avec un fournisseur pour aborder un certain sujet dans le cadre de son travail et que cette rencontre dure deux heures alors qu’il ne dispose que de 30 minutes pour son repas! A-t-il perdu du temps ou pas? A priori, sûrement! Mais dans les faits, il a investi du temps pour l’entreprise, pour son bien-être et donc, il sera plus productif et engagé.
Je vous vois douter de cette affirmation! Vous étiez sûrement d’accord avec moi dans le cas no 1, mais pas dans le cas no 2. Pourquoi?
Que penser des organisations et des personnes dont la fonction est d’accompagner les entreprises dans la conciliation travail-famille? Ce n’est pas facile avec tous ces a priori qui ont la peau si dure! En effet, a priori, chaque personne qui s’absente ou s’écarte des règles établies devient un profiteur, voire un suspect potentiel!
Pourtant :
Aujourd’hui, nous travaillons davantage avec notre cerveau qu’avec nos mains!
Nous allons au bureau pour, bien souvent, nous installer devant un ordinateur!
Cet ordinateur est très souvent portable, mais il reste au même endroit!
La grande partie de nos échanges sont réalisés grâce à des outils intermédiaires (téléphone, courriel, Skype, etc.)
Avons-nous vraiment besoin de nous voir pour nous entendre?
Par où commencer?
Premièrement, si nous voulons changer de mode de gestion, il faut partir de l’existant, c’est-à-dire du mode hiérarchique et donc, du haut de la pyramide.
Si « Dieu » le veut, tout sera possible!
La confiance doit venir d’en haut (montrer l’exemple ne se délègue pas!), et avec ce changement de vision, la culture de l’entreprise changera inévitablement (je n’ai pas dit rapidement…).
La culture d’une entreprise est sa force, mais aussi, parfois, sa faiblesse, car elle est à 99 % non écrite et sous-jacente à toutes les décisions prises et à toutes les actions réalisées au cœur de l’entreprise. Autant dire qu’elle est partout à tout moment, occupée à scruter vos faits et gestes.
La création de villes comme Paris, New York, Nouméa, Québec ou Montréal ne s’est pas fait en une nuit, alors le changement de culture non plus!
Sont-ils maîtres de leur temps et plus encore, de leur organisation pour être efficaces? Ont-ils les bons outils, les bonnes formations, peuvent-ils choisir de faire ou non certaines tâches qu’ils trouvent inefficaces?
Je n’en suis pas si sûr!
Un collaborateur peut-il décider, de son propre chef, d’assister ou non à une réunion qu’il ne trouve pas opportune pour lui sans être jugé?
Vraisemblablement non, car, une fois encore, nous sommes évalués (jugés) par rapport à notre manière de faire et non nos résultats.
Imaginez que certaines entreprises ont depuis des années, et ce dans tous les pays et toutes les cultures, décidé de gérer en se fondant sur ce type de vision :
Vous venez de relire la phrase ci-dessus plusieurs fois? C’est tout à fait normal, cela fait cet effet la première fois!
Cela peut sembler simpliste comme mode de gestion, mais l’avantage est que tout le monde le retient en 5 secondes, bien plus facilement que la vision, la mission, les valeurs ou encore le guide du parfait employé.
Rappelez-vous votre passage à l’université : vous aviez quelques cours, beaucoup de recherche et énormément de lecture pour atteindre votre objectif. Personne ne vous disait où étudier ni comment étudier. Si certains jours vous n’aviez pas la tête à cela, vous pouviez faire une autre activité ou ne rien faire du tout! Si vous décidiez de travailler le soir jusqu’à minuit ou très tôt le matin, cela ne regardait que vous. Votre travail était d’atteindre votre objectif (décrocher un diplôme), un point c’est tout!
Si vous êtes efficace et savez bien vous organiser, tout le monde en profitera (clients, équipe, amis et famille) incluant bien sûr vous-même, puisque vous utiliserez le temps que vous avez gagné pour vous, comme vous voulez, car vous êtes évalué sur le travail fourni et non le temps que vous y consacré!
Dans le cas contraire (entreprise à l’heure), pourquoi être efficace et travailler plus vite? Vous serez sûrement pénalisé! Votre gestionnaire vous donnera plus de tâches pour occuper votre temps réglementaire à effectuer ou encore vous vous ralentirez par vous-même histoire d’être dans la moyenne!
Consultez les résultats de notre sondage sur le bonheur, le plaisir et l’engagement au travail et vous serez surpris de lire que 14 % des employés pourraient produire plus de 50 % de plus s’ils bénéficiaient de plus d’autonomie, 14 % pourraient produire 30 % de plus, 16 % pourraient produire 20 % de plus, etc. (page 33)
Nous n’avons jamais eu de collaborateurs aussi bien formés, informés, que dis-je, connectés, créatifs, alors utilisons-les pour repenser et gérer différemment. Nous voulons avoir des employés motivés et engagés, agissons dans ce sens dans notre quotidien!
Je vous assure qu’un collaborateur qui évolue dans une entreprise où la confiance, la bienveillance et le plaisir font partie intégrante de la gestion interne fera tout en son pouvoir pour conserver cet avantage extraordinaire! C’est comme les enfants : une fois qu’ils quittent le cocon familial pour vivre en pleine autonomie, bien rares sont ceux qui reviennent de gaîté de cœur à la maison pour « subir » une gestion par le contrôle et des règles vieillottes. Cela vous rappelle peut-être quelque chose? Vive l'autonomie!
Dans ma carrière, il m’est arrivé, à l’occasion, d’être obligé d’écrire des règles pour faire avancer certaines structures vers moins de règles! Étonnant, je vous l’accorde, mais voici pourquoi.
Comme il a été indiqué précédemment dans cet article, la culture d’entreprise est principalement non écrite, mais omniprésente. Ainsi, il faut parfois exprimer par écrit certains changements de culture orale pour qu’elle puisse évoluer.
Il m’est donc déjà arrivé d’écrire ce que j’appelle :
L’entreprise a confiance en vous et en vos décisions;
Vous êtes la meilleure personne pour accomplir votre mission;
Vous êtes la personne la plus proche de nos clients et donc, vous êtes la meilleure pour prendre une décision;
Les a priori font du mal, arrêtez de juger;
Être perfectionniste pour nos clients ne sera jamais un défaut, pourvu que vous agissiez;
Si vous pensez que nos manières de faire certaines choses doivent changer, changez-les;
Ensemble, nous penserons toujours mieux que seul;
Si l’on vous demande de faire quelque chose dénuée de sens pour vous, pour l’équipe ou pour nos clients, arrêtez de suite;
Etc.
Qu’en pensez-vous?
À votre avis, mes collaborateurs ont-ils abusé de cette confiance? Ont-ils profité du système? Ont-ils eu l’impression que je n’assumais pas mon rôle ou ma fonction? Lorsque j’étais en congé, pensez-vous que nos clients étaient moins bien servis? Que la liberté d’agir se transformait en anarchie?
Eh bien, non! Tout le monde y trouve son compte; nos collaborateurs sont plus heureux, fiers, créatifs, autonomes et nous en profitons tous (collègues, fournisseurs et clients).
Cela devient assez rapidement viral, en interne comme en externe. Les candidats viendront facilement vers votre entreprise, car eux aussi voudront travailler dans un environnement où la confiance n’est pas à gagner avec le temps, mais plutôt offerte dès le premier jour.
Il est important de rappeler que, selon plusieurs études réalisées, environ 5 % des entreprises mondiales (seulement) appliquent ce mode de gestion. Pour ma part, je pense que le nombre est plus important, mais qu’elles restent peu connues. Oui, je suis un optimiste!
Vous aimeriez en savoir davantage, rendez-vous à notre conférence du vendredi 14 octobre prochain à Québec.
Merci de votre lecture et au plaisir de lire vos commentaires.
Philippe Zinser